L'abbé Morel
L’abbé Morel curé de Saint-Hilaire de la Varenne en 1925, est un homme qui, par ses multiples actions, tenta de sauver des dizaines d’enfants de la Varenne, en les cachant ou en les nourrissant. Celui-ci ne fut cependant jamais considéré comme un Juste parmi les nations. Mais pourquoi son dossier n’est-il pas accepté par Yad Vashem ?
D’autres personnes ont contribué à la protection de personnes juives durant la Seconde Guerre mondiale. S’ils ne reçoivent pas le titre de Justes, cela n’altère en rien leurs actions et les risques qu’ils ont pris.
L’abbé Émile Morel est l’une d’entre-elles.
Ordonné prêtre en 1902, puis curé de Saint-Hilaire de La Varenne en 1925, il a contribué à empêcher la déportation de plusieurs juifs, alors même que son vicaire, l’abbé Alesch, traître à la solde des Allemands, dénonçait les opposants et les résistants. En effet, le 12 juillet 1942, l’abbé Morel aurait fait un appel à la solidarité de ces paroissiens. Avec leur aide, il confia de nombreux enfants juifs à des familles chrétiennes. Il leur fournit également des denrées alimentaires. Toutes ces actions honorables ont été authentifiées par plusieurs témoins. La question s'est alors imposée à nous : pourquoi l’abbé Morel n’a-t-il pas été reconnu comme Juste ?
Le dossier a bien été instruit mais la Cour suprême israélienne a rejeté la demande. La décision a été prise à huis clos, entraînant l’absence d’explications sur ce rejet. Néanmoins, compte tenu de ce que nous avons appris des procédures de Yad Vashem, nous avons pu formuler plusieurs hypothèses :
Hypothèse 1 : il n’y a pas eu assez de témoignages de personnes vivantes qui ont pu attester de ses actes. En effet les témoignages des enfants cachés n’ont pu être présentés car tous ont été arrêtés puis déportés, certains en juillet 1944. Bien qu’il n'y ait aucune remise en question des actions, les sources ne sont tout simplement pas assez fiables.
Hypothèse 2 : L’abbé Morel n’a pu recevoir ce titre car il n’a pas caché en personne d’individu chez lui ; il n’était « que » l’intermédiaire entre les cachés et les cacheurs.
Ainsi, il nous parait important de mettre en lumière les gens qui, à leur manière, à leur façon, ou encore à une échelle différente, ont agi et sauvé des vies. Bien des Saint-Mauriens ont été peinés de savoir que l’abbé Morel ne recevrait pas le titre de Juste parmi les nations, à tel point qu’un vitrail, offert par les paroissiens, le représente aujourd'hui agenouillé aux pieds de la Vierge dans l’église de Saint-Hilaire ; une plaque du souvenir a également été apposée le 22 mai 2016 sur le mur, près de la façade, par le Groupe Saint-maurien contre l’Oubli, marquant la reconnaissance de la communauté juive saint-maurienne.
15 avenue de Chanzy
L'abbé Morel s'y est déplacé afin de nourrir des enfants juifs, hébergés ici avant de rejoindre leurs familles d'accueil.